Intrigué par l’histoire de nos vêtements ? Cet article explore les origines fascinantes des tissus, depuis les fibres animales et végétales utilisées par nos ancêtres du Paléolithique jusqu’à l’Âge des métaux. Découvrez comment ils transformaient ces matières brutes en fils et étoffes, avec des exemples concrets comme le travail du tilleul au Néolithique. Une plongée modeste mais instructive dans un savoir-faire ancestral !
Introduction : La chaîne textile, des fibres aux vêtements
Les vêtements sont faits à partir de tissus, les tissus à partir de fils, les fibres à partir de fibres. Les fibres sont prélevées sur des animaux et des végétaux.
Pour que des fibres animaux (=les poils) soient exploitables il faut qu’ils soient longs solides, pas trop durs et que leurs surfaces soient pourvues d’aspérités (fibre animale).

On trouvera des poils intéressants sur des ovicapridés certains camélidés et aussi sur le dos des bisons et bien d’autres animaux, certains chiens ont même été sélectionnés dans ce but
1. Les fibres animales : une ressource précieuse issue de la sélection
Mais la très grande majorité des fibres animales utilisées a été obtenue à la suite d’une longue sélection. Ainsi la toison des moutons qui ont servi à la confection des fibres du manteau d’Otzi contient-elle encore des jars, des poils cours et épais dont on n’a retrouvé que les négatifs.

2. Le vaste monde des fibres végétales : une diversité à transformer
Le monde végétal est tellement riche que l’on ne pourra que faire allusion à certaines plantes. Ces fibres sont rarement utilisables dès la cueillette. Des processus chimiques et mécaniques sont indispensables
Prenons quelques exemples :
Etude de cas : le liber du tilleul, un savoir-faire néolithique
Le liber de tilleul est utilisé chez nous dès le Néolithique (en fait il faut comprendre que les plus anciens témoignages recueillis datent du Néolithique), mais on verra que ces restent attestent d’une belle expérience.
3. Le rouissage : la clé pour extraire les fibres végétales
Il faut choisir un arbre dans la forêt (ce qui fait qu’il n’a pas ces nombreux rameaux que l’on voit sur les troncs des cours de ferme, bien droit(ou ses branches à l’écorce lisse de préférence).

Il faut attendre que la sève soit bien montée, que les bourgeons commencent à verdir. On peut alors débarrasser l’arbre des branches à l’écorce lisse vieille de trois ou plus. Il faut alors les peler, les lier en botte et les mettre à rouir dans une eau pas trop courante ni stagnante et ce pendant une quinzaine de jours voir plus et commencer à retirer les fibres de tilleul. On remet à rouir et on recommence l’opération jusqu’à épuisement. Si les branches sont trop grosses, on peut isoler des bandes d’écorce de 5 cm de large, mais cela abîme l’arbre.
4. Au-delà du tilleul : autres exemples de fibres végétales à travers le temps
Sur la côte Nord-Ouest du Canada les « Natives » exploitent encore le red cedar un arbre la famille des Thuyas, on obtient de médiocres résultats avec les thuyas de nos haies.
Si vous vous intéressez à ces techniques vous pouvez rechercher autour de vous des peupliers, des acacias faux robiniers ou des châtaigner en ayant conscience qu’ils ne poussaient pas ici au Néolithique, mais attention trop exploiter l’arbre tue l’arbre.
Techniquement quand vous faite rouir une plante vous détruisez la pectose (ciment entre les fibres) grâce à des champignons et des bactéries. Il faudra ensuite séparer les fibres manuellement et bien les rincer.

Des recherches récentes ont montré que l’ortie était utilisée dès le gravettien ‘-22000 comme à Pavlov en Tchéquie
Pour mémoire citons le Yucca utilisé dans l’Arizona depuis 15 000 pour faire des vêtements et des chaussures.

L’Alfa une graminée du désert était utilisée dès le chalcolithique en Espagne pour faire des nattes pour le sol, des manteaux de pluie set « spartiates » (le spart est un autre nom de l’Alfa.

Conclusion
Un héritage textile ancré dans l’histoire
De la simple cueillette de fibres animales et végétales aux techniques élaborées de rouissage, la création du fil et du tissu témoigne d’une longue et fascinante histoire, s’étendant du Paléolithique à l’Âge des métaux. L’étude des poils animaux sélectionnés et la maîtrise des processus de transformation des végétaux, à l’image du travail délicat du liber de tilleul au Néolithique, révèlent l’ingéniosité des sociétés passées dans leur adaptation à l’environnement. Qu’il s’agisse d’exploiter la douceur de la toison des moutons ou la résistance des fibres d’ortie, de yucca ou d’alfa, chaque étape de cette chaîne textile ancestrale souligne un lien profond entre l’humain et les ressources naturelles qui l’entourent. Cet héritage technique et cette connaissance des matériaux constituent les fondations de notre rapport actuel au textile, nous rappelant l’importance d’une exploitation réfléchie et respectueuse du monde vivant.