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Du fil au tissu : l’aventure textile du paléolithique à l’Age des métaux

Intrigué par l’histoire de nos vêtements ? Cet article explore les origines fascinantes des tissus, depuis les fibres animales et végétales utilisées par nos ancêtres du Paléolithique jusqu’à l’Âge des métaux. Découvrez comment ils transformaient ces matières brutes en fils et étoffes, avec des exemples concrets comme le travail du tilleul au Néolithique. Une plongée modeste mais instructive dans un savoir-faire ancestral !

Introduction : La chaîne textile, des fibres aux vêtements

Les vêtements sont faits à partir de tissus, les tissus à partir de fils, les fibres à partir de fibres. Les fibres sont prélevées sur des animaux et des végétaux.

Pour que des fibres animaux (=les poils) soient exploitables il faut qu’ils soient longs solides, pas trop durs et que leurs surfaces soient pourvues d’aspérités (fibre animale).

On trouvera des poils intéressants sur des ovicapridés certains camélidés et aussi sur le dos des bisons et bien d’autres animaux, certains chiens ont même été sélectionnés dans ce but

1. Les fibres animales : une ressource précieuse issue de la sélection

Mais la très grande majorité des fibres animales utilisées a été obtenue à la suite d’une longue sélection. Ainsi la toison des moutons qui ont servi à la confection des fibres du manteau d’Otzi contient-elle encore des jars, des poils cours et épais dont on n’a retrouvé que les négatifs.

2. Le vaste monde des fibres végétales : une diversité à transformer

Le monde végétal est tellement riche que l’on ne pourra que faire allusion à certaines plantes. Ces fibres sont rarement utilisables dès la cueillette. Des processus chimiques et mécaniques sont indispensables

Prenons quelques exemples :

Etude de cas ; Le liber du tilleuil, un savoir-faire néolithique

Le liber de tilleul est utilisé chez nous dès le Néolithique (en fait il faut comprendre que les plus anciens témoignages recueillis datent du Néolithique), mais on verra que ces restent attestent d’une belle expérience.

3. Le rouissage : la clé pour extraire les fibres végétales

Il faut choisir un arbre dans la forêt (ce qui fait qu’il n’a pas ces nombreux rameaux que l’on voit sur les troncs des cours de ferme, bien droit(ou ses branches à l’écorce lisse de préférence).

Il faut attendre que la sève soit bien montée, que les bourgeons commencent à verdir. On peut alors débarrasser l’arbre des branches à l’écorce lisse vieille de trois ou plus. Il faut alors les peler, les lier en botte et les mettre à rouir dans une eau pas trop courante ni stagnante et ce pendant une quinzaine de jours voir plus et commencer à retirer les fibres de tilleul. On remet à rouir et on recommence l’opération jusqu’à épuisement. Si les branches sont trop grosses, on peut isoler des bandes d’écorce de 5 cm de large, mais cela abîme l’arbre.

4. Au-delà du tilleul : autres exemples de fibres végétales à travers le temps

Sur la côte Nord-Ouest du Canada les « Natives » exploitent encore le red cedar un arbre la famille des Thuyas, on obtient de médiocres résultats avec les thuyas de nos haies.

Si vous vous intéressez à ces techniques vous pouvez rechercher autour de vous des peupliers, des acacias faux robiniers ou des châtaigner en ayant conscience qu’ils ne poussaient pas ici au Néolithique, mais attention trop exploiter l’arbre tue l’arbre.

Techniquement quand vous faite rouir une plante vous détruisez la pectose (ciment entre les fibres) grâce à des champignons et des bactéries. Il faudra ensuite séparer les fibres manuellement et bien les rincer.

Des recherches récentes ont montré que l’ortie était utilisée dès le gravettien ‘-22000 comme à Pavlov en Tchéquie.

Pour mémoire citons le Yucca utilisé dans l’Arizona depuis 15 000 pour faire des vêtements et des chaussures.

L’Alfa , une graminée du désert était utilisée dès le chalcolithique en Espagne pour faire des nattes pour le sol, des manteaux de pluie set « spartiates » (le spart est un autre nom de l’Alfa.

Conclusion : Un héritage textile ancré dans l’histoire

De la simple cueillette de fibres animales et végétales aux techniques élaborées de rouissage, la création du fil et du tissu témoigne d’une longue et fascinante histoire, s’étendant du Paléolithique à l’Âge des métaux. L’étude des poils animaux sélectionnés et la maîtrise des processus de transformation des végétaux, à l’image du travail délicat du liber de tilleul au Néolithique, révèlent l’ingéniosité des sociétés passées dans leur adaptation à l’environnement. Qu’il s’agisse d’exploiter la douceur de la toison des moutons ou la résistance des fibres d’ortie, de yucca ou d’alfa, chaque étape de cette chaîne textile ancestrale souligne un lien profond entre l’humain et les ressources naturelles qui l’entourent. Cet héritage technique et cette connaissance des matériaux constituent les fondations de notre rapport actuel au textile, nous rappelant l’importance d’une exploitation réfléchie et respectueuse du monde vivant.

A PROPOS DU MANTEAU DE LA MOMIE DES GLACES (2005)

( Complément à l’article paru dans les Huitièmes annales des Rencontres archéologiques des amis du Passé de Saint-Céré en 2000)

Par François Moser et les stagiaires des stages d’archéologie expérimentale organisés par le Musée Labenche d’art et d’histoire à l’Ecole des Vergnes, commune de Brive-la-gaillarde

En 1995 et 2000 nous avons montré que le fragment de tissage (sparterie) cordé en herbe « fine des alpes »,sans doute du carex, pouvait être un fragment de sac à dos ou de hotte.

La reconstitution graphique du musée de Mayence ne montrait pas d’augmentation perceptible du nombre de brins entre le cou et les épaules, pas plus que les reconstitutions en matériaux périssables du musée des Merveilles à Tende et celle figurant sur la publication de A. Fleckinger et N. Steiner.

Sur ce mannequin l’encolure est si large que le cou n’est pas protégé de la pluie et que l’on se demande comment le manteau peut tenir.

Nous avons donc tenté de répartir autrement les herbes de la chaîne en prévoyant de pouvoir doubler le nombre de montants entre l’encolure et les épaules. Partant d’un tour de cou de 42, il fallait un tour d’épaule de 84 (ce sont les normes quand on confectionne une chemise par exemple.)

Nous avons donc préparé quarante gerbes de carex que nous avons assemblées en faisant un cordé à deux torons les serrant en leur milieu. Nous avons ensuite replié les torons et refait un rang n’ayant encore que quarante gerbes en chaîne. Le rang de trame suivant a été exécuté en mettant tous les torons côte à cote : nous obtenions ainsi un une nappe de 84 torons en chaîne La suite de la construction du manteau n’a pas posé de problème.

L’observation des fragments des vestiges de sparterie et d’une carte postale japonaise nous a conduit à une autre hypothèse qui tient compte de la présence de cheveux dans la bordure et du port du sac à dos.(Rappelons que la veste de cuir porte, aux épaules des marques caractéristiques de l’usure par des courroies de sac à dos ou de hotte.)

Pour réaliser un manteau à capuchon il suffit de faire une surface plane comme le montre la figure ci contre, de replier l’ouvrage, et de le coudre à son sommet. De petits liens attachés à la bordure permettent de le tenir fermé.

Un tel vêtement protège son porteur et sa charge.

En conclusion il apparaît que la première hypothèse de cape dessinée peu après la découverte ne peut-être rejetée à priori car la technique décrite plus haut donne un aspect très voisin de celui montré par la photo publiée par le musée de Mayence. Il reste que l’on se demande comment il pouvait aussi porter une hotte et tirer à l’arc avec un tel manteau.

A propos du sac à dos et du carquois

D’un sac à dos éventuel n’a été retrouvé qu’une armature en noisetier comparables à celle en aluminium de nos modernes sacs d’alpinistes associée à de nombreuses courroies. Il ne faut pas négliger les traces d’usure observées sur les épaules de la veste en peau.

En examinant les hottes des mineurs de Hallstatt 1 on est frappé par leur ressemblance avec le carquois d’Otzi : La technique de montage de la barre de renfort est la même, et surtout le carquois est pourvu d’une sorte de rabat constellé de trous allongés retenant par endroit de fines courroies. Les hottes de Hallstatt présentent les mêmes agencements qui permettent de renforcer et de rigidifier l’ouverture

Cl. A. MAILLIER

mais qui ne servent à rien sur le carquois, ce qui laisse penser que le carquois a été bricolé à partir d’une hotte usagée. En conséquence la forme des hottes de Hallstatt a été mise au point bien avant le premier millénaire, et était connu dès le néolithique.

Dessin : Julia Ribbeck

Harmut Schmidt

Musée de Mayence

Orientation bibliographique

ANQUETIL J. 1979 : La vannerie, Encyclopédie des métiers d’art Paris Dessain et Tolra/Chêne édit. Paris.

BALFET H. 1952 : La vannerie, essai de classification. L’Anthropologie N°56 pp. :259 279

EGG M. et col. 1993 : Die Gletscermumie von ende der steinzeit aus den Ötztaler Alpen Jahrbuch des Römish-Germanischen Zentral museums 39 Mainz 1993

ISSN 0076-2741

FLELJKINGER A & STEINER H. 1999:L’Homme des glaces Edition Folio Bolzano(Italie) ISBN / 3-85256 –133.7

MOSER F. 2000: Du bon usage de la sparterie, Annales des VIII° rencontres archéologiques de saint-Céré (Lot).

voir Annales N°VIII, ces observations nous avaient conduit à envisager que les vestiges qui servent de base à cette étude correspondaient à ceux d’un sac à dos, Hypothèse que nous ne réfutons cependant pas.

1Hallsatt est un bourg d’Autriche célèbre pour ces mines de sel exploitées dès le premier Age du Fer

LA CONSTRUCTION D’UNE MAISON NEOLITHIQUE

en argile bois et chaume

Texte de François MOSER Illustrations d’Aurélien MOSER

Le choix de l’emplacement

L’installation d’un bâtiment ne doit pas empiéter sur les terrains facilement cultivables La maison doit aussi être facile d’accès et pratique à occuper . On portera donc son dévolu sur un terrain plat, proche de zones cultivables et surtout d’une source, d’un lac, ou d’un cours d’eau. .Il faudra adapter le type d’architecture aux matériaux disponibles. En effet si la pierre est abondante, , on bâtira comme nos prédécesseurs un mur en pierres ce qui permettra d’épierrer le champs tout en assurant un abri sûr et durable .Mais s’il faut déboiser, c’est le bois et le clayonnage qui auront la préférence.

Le choix du type d’architecture en bois

L’abondance des sites néolithiques fouillés soigneusement offre un grand choix de plans. Malheureusement les connaissances sur les superstructures les sols d’habitats et les niveaux de circulation sont beaucoup plus ténues, c’est la raison pour laquelle la majorité des restitutions concerne les sites de bord de lac qui n’ont jamais souffert des labours et où la matière organique est souvent bien conservée.

Nous avons choisi de restituer une maison en utilisant les données du site de Charavines sans toutefois reproduire minutieusement le plan de telle ou telle maison, mais plutôt en tenant compte de la logique de l’ensemble des constructions mises au jour sur ce site

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Fig. 1 : Vue en perspective d’une maison à deux compartiments . Cette maison se divise en deux parties : l’une bien éclairée, mais non chauffée, considérée parfois comme un simple auvent ; l’autre bien close, facile à chauffer, mais où la lumière pénètre difficilement. La circulation se fait directement sur la terre battue, qui sera volontairement ou non recouverte de débris organiques. D’autres « cités lacustres » étaient composées de maisons sur pilotis dites aussi à plancher rehaussé.

Le type à plancher rehaussé a fait l’objet d’un excellent ouvrage sous la direction de Pierre Petrequin 1dans lequel sont envisagés et résolus presque tous les problèmes techniques.

Le plus souvent le choix du plan est imposé par le site que l’on cherche à reconstituer mais, si l’on veut se donner quelque liberté on pourra choisir un plan à deux ou trois nefs .

Le plan à deux nefs implique une ligne de poteaux dans l’axe de l’habitat ce qui peut être gênant pour l’implantation du foyer et nécessite de grands et forts poteaux.

Le plan à trois nefs libère la partie centrale de l’édifice, mais encombre un peu le reste par la multiplication des poteaux porteurs qui seront moins forts et moins longs. Le système d’entraits solidaires de ces poteaux permet de canaliser le poids de la toiture sur les poteaux et donc de décharger les murs qui pourront être en matériaux très légers. En effet l’intersection des entraits et des chevrons devra se faire au milieu de ces derniers, ce qui induit la hauteur des murs pour une largeur donnée si l’on veut rester debout sous les entraits.

Fig. : 2 Coupes d’une maison à trois nefs avec les entraits. À droite : murs bas et toit pointu. À gauche: mur haut et toit relativement plat

Le choix de la toiture

On peut envisager une toiture à une seule pente ou une toiture à deux pentes. Le choix peut être guidé par des conditions matérielles (:c’est à dire trouver les matériaux suffisamment résistants), ou culturelles: le toit à deux pans est symboliquement considéré comme un élan vers Dieu ou un moyen de communiquer avec Lui

La toiture à un seul rampant implique une faible pente et de longues et fortes poutres qui ne pouvant être renforcées par des entraits appuient lourdement sur les murs.

Les toits à deux rampants peuvent avoir des pignons avec des angles très aigus, ou plutôt obtus.

Les toits à fortes pentes nécessitent des poutres plus longues, mais facilitent l’écoulement des eaux pluviales et la circulation de l’air à l’intérieur.

La couverture doit y être fermement fixée pour qu’ elle ne glisse pas

Les toits à faibles pentes sont plus faciles à réaliser, car les matériaux de couverture ont moins tendance à glisser : parfois il ne sont même pas fixés et simplement retenus par des perches ou des cailloux.

En fait l’analyse d’un site comme Charavines ainsi que les résultats des expériences de P. Petrequin montrent que les poteaux porteurs de ces maisons ne résistent guère plus de huit à neuf ans .Il faut donc considérablement restaurer ces maisons , voire les reconstruire au moins tous les dix ans. Ce qui ne laisse pas le temps au chaume de pourrir complètement sur un toit à faible pente.

Il résulte que le choix de l’angle du pignon dépend donc soit de critères climatiques autres que la pluviosité, soit de critères culturels.

Les fondations

Les maisons des bords de lacs qui servent de références pour l’architecture néolithique, au moins en ce qui concerne les substructions, ont des fondations tout à fait particulières puisque leurs bâtisseurs ont pu planter les poteaux sur plusieurs mètres de profondeur ce qui assure une stabilité parfaite et prévient tout risque de basculement latéral tant qu’ils ne pourrissent pas au niveau de battement des eaux ou au niveau du sol. De plus si leur diamètre est suffisant il ne se courberont pas sous la poussée de la charpente.

Donc si l’on veut restituer une maison néolithique, il faudra prendre en compte ces paramètres.

Etant donné les moyens techniques à la disposition des paysans du V ème millénaire, il n’est guère envisageable de creuser des trous de plus de soixante à quatre vingt centimètres de profondeur, ce que l’on fera aisément avec un bâton, un pic en bois de cerf , les mains, et une omoplate de bovidé en guise de pelle.

L’ossature

Le néolithique ignorant le fer et la tarière, tous les assemblages tiendront avec des cordes ou des cordelettes le plus souvent en liber de tilleul. Les extrémités des pièces maîtresses ont parfois été aménagées avec un tenon, une mortaise ou une « gueule-en-bout », mais ces aménagements -longs à faire- ne sont pas indispensables puisque la maison que nous avons construite n’en possède aucun, pas même une fourche naturelle et tient uniquement avec des brelages depuis plus de six ans, sans déformation notable.

Fig . 3 Nœud de brelage

fig. 3 bis : différents types d’assemblages

Assemblage par tenon et mortaise(à gauche),sur une fourche (au centre) et par « gueule-en-bout » (à droite)

Fig. 4 Abattage d’un arbre à la hache de pierre

Les pieux seront abattus à la hache de pierre polie : il suffit de prendre son temps et donner des coups plutôt obliques ce qui permet d’utiliser la propriété des bois fibreux et de moins abîmer la hache. L’usage montrera au néophyte qu’il est préférable, pour ce geste, d’avoir un tranchant relativement éloigné du gourdin que forme le manche.

Il sera bon de choisir des arbres qui se terminent par une fourche au sommet quand il s’agit de poteaux verticaux, ou de préparer une gorge pour faire une « gueule en bout ».

L es poteaux , perches et soliveaux ayant été sélectionnés, le montage pourra commencer :

Deux techniques sont alors possibles : soit on plante d’abord tous les poteaux porteurs en les calant avec des pierres et de la terre soigneusement tassées ; soit on prépare et assemble au sol chaque pignon et chaque profil que l’on relève d’une pièce tout en enfonçant les poteaux dans leurs trous. Les profils de la maison sont provisoirement associés les uns aux autres par des perches.

Cette méthode à l’avantage de ne pas nécessiter l’usage d’une échelle et de ne pas prendre le risque de faire un nœud en équilibre à quatre ou cinq mètres du sol.

Une fois tous les profils de la maison bien placés, on les réunit définitivement les uns aux autres par des perches horizontales bien nouées à chaque élément vertical.

Il est alors temps de passer à la confection des murs et de la toiture.

Les murs :

Plusieurs solutions sont envisageables selon la période et la région d’où provient le modèle/

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Fig.6 :Montage d’un clayonnage

n peut clayonner en entrelaçant des perches souples entre les poteaux porteurs, si ceux-ci sont suffisamment rapprochés . On peut aussi ajouter des petits piquets.

Ce clayonnage peut ensuite être recouvert d’un mélange d’argile de paille et de sable qui sera projeté avec violence pour qu’il pénètre bien le « tissage » . Il sera ensuite bien lissé, pour des raisons esthétiques, certes, mais surtout pour qu’il résiste mieux au ruissellement et au passage des souris.

L’esthète pourra le décorer de traits ou de dessins tracés avec du sang de bœuf ou avec des pigments minéraux en suspension dans l’eau, ou mieux encore, dans la graisse.

On peut aussi choisir de bourrer le clayonnage de mousses récoltées dans la forêt profonde et séchées, mais il faudra constamment vérifier son étanchéité.

Ou encore on peut débiter une série de planches de la hauteur de la paroi à réaliser et les associer les unes aux autres par un système de « cordé » . L’ensemble sera ensuite fixé aux montants de la maison et l’on bourrera l’intervalle avec des mousses.

En utilisant la même technique que pour les planches, on peut réaliser

une cloison en roseau ou autres branches qui sera ensuite recouverte d’argile

Commencer par créer un support horizontal fixé à deux piquets bien plantés dans le sol.

Ensuite il faut au moins 2 paires de ficelles mesurant largement plus du double de la longueur de l’ouvrage. Elles seront,régulièrement espacées, attachées par le milieu au support horizontal et par leurs extrémités à des poignées d’un trentaine de centimètres.(voir photo)

Pour réaliser cet ouvrage il faut être au moins trois : deux personnes ont une poignée dans chaque main tandis que la dernière s’occupe de placer les roseaux.

Les 2 ouvriers font faire un demi tour à chaque poignée, le troisième passe un roseau dans les espaces,

Les deux ouvriers tournent les poignées d’un demi tour

Le troisième enfile un deuxième roseau et le tasse bien contre le premier

Les deux ouvriers tournent les poignées d’un demi tour….

Et ainsi de suite jusqu’à épuisement des roseaux et des ficelles.

Il est impératif de toujours tourner les poignées dans le même sens et de bien tasser les roseaux si non ils tombent dès que l’on remue l’ouvrage.

Cette technique permet aussi de faire des moustiquaires , des portes , et si on utilise des gerbes de feuillages (carex fougères..) des paillasses

La couverture

Fig. 7/ Schéma de la superposition de fagots ou de gerbes

L’espacement des liteaux, (perches horizontales de faibles diamètres) sera fonction des matériaux de couverture choisis. En principe il faut que chaque gerbe, chaque fagot ,chaque bardeau ,chaque morceau d’écorce repose sur deux liteaux au moins. L’espacement de ces derniers sera donc fonction du choix des matériaux de couverture.

Ce choix est fonction des disponibilités: on peut estimer un rapport de 25 m ² de céréales sur pied pour 1 m ² de toiture.

Différents expérimentateurs ont essayé à peu près tous les types de matériaux en se référant à des données ethnographiques: ainsi le roseau constitue-t-il une couverture efficace, mais difficile à récolter, le seigle est de loin le plus utilisé, mais implique soit l’achat chez des producteurs spécialisés, soit de prévoir une culture sur un an (il faut le récolter à la faux ou à la faucheuse avant complète maturation); le genêt assure une couverture imperméable pendant dix ans (à condition que la couverture soit très épaisse et la pente assez forte) et a le mérite d’être gratuit, mais il est difficile à cueillir et demande beaucoup de force pour bien serrer les fagots; on peut aussi se procurer de la canne de Provence cultivée dans le delta du Rhône, mais c’est assez cher; le toit plus esthétique est obtenu avec des écorces de bouleau ou de châtaigner, mais implique la destruction d’un petit bois.

Les matériaux de couverture peuvent être fixés en gerbes ou étalés (seulement sur un toit à faible pente) et doivent y être cousus. Il est bon, comme on le voit dans de nombreux exemples ethnographiques, de compléter les liens par des perches parallèles à la faîtière et retenues par des liens aux extrémités du toit ou par de grosses pierres.

L’aménagement intérieur

Dans le cas d’une maison à deux compartiments, la partie ouverte et bien éclairée ne fait l’objet d’aucun aménagement particulier, encore que l’usage pousse l’artisan à accumuler quantité de matériaux sur les entraits ou sur des bouts de bois coincés dans l’ossature et la couverture.

La partie intérieure, bien calfeutrée fera l’objet d’un soin particulier.

Afin de limiter les échanges thermiques avec l’extérieur, la porte sera réduite au minimum : 1 m x 0,60m (ce qui correspond au seul panneau de bois découvert à ce jour et ressemblant à une porte). A défaut d’un vantail sur crapaudine on se contentera d’un rideau ou d’une peau de bête pour la fermer.

L’âtre fera l’objet d’un soin particulier : en effet il faut absolument contenir le feu dans un espace parfaitement circonscrit. Deux solutions ont été utilisées : soit un muret d’argile d’une dizaine de centimètres de haut limite le foyer, soit- comme à Charavines ou à Chalain-, le feu est allumé sur une très épaisse dalle d’argile qui l’isole des détritus qui jonchent le sol pour former une sorte de moquette isolant du sol humide et chauffant en pourrissant lentement.

Le couchage semble se faire sur des paillasses rendues moelleuses par une accumulation de fougères et des peaux de bêtes. Sans doute existait-il aussi des nattes en carex et autres végétaux, assemblés par un système de cordé.

Les entraits et autres éléments de l’ossature servent de supports à un grenier et permettent de poser toutes sortes d’objets dans des paniers ou sur de planches.

Il faut bien se garder de créer un système d’évacuation des fumées car celles –ci sont extrêmement bénéfiques à la conservation de la toiture. En s’infiltrant lentement à travers les chaumes ou les fagots, elle contribuent à les faire sécher ; elles éloignent aussi les rongeurs qui, de ce fait, ne font pas leurs nids dans la maison et ne viennent pas dévorer les provisions entassées dans le grenier.

Cette fumée n’est pas gênante puisqu’en l’absence de meubles les occupants sont toujours accroupis.

F. et A. MOSER

Les fours domestiques sont connus depuis le Néolithique, mais de cette époque aucun n’ été découvert intact. Donc les amateurs ont tendance à faire des fours dont la forme est proche de celles que l’on peut rencontrer en Afrique ou ailleurs : une calotte sphérique avec une ouverture à la base et quelque fois un petit trou pour faciliter le tirage. Mais depuis quelques années avec la multiplication des fouilles de sauvetage on découvre des fours ouverts : les Tandoori.

Le four à coupole

Il faut préparer une terre argileuse mélangée à de la paille ou de la sciure de bois en la mélangeant aux pieds (ou dans une bétonnière si on est pressé) de façon à avoir une consistance un peu ferme

Au sol , ou sur un terre plein on prépare une sole bien lisse du diamètre choisi si possible sur un hérisson pour l’isoler de l’humidité

La 2 solutions:



Four à pain de Roubeyjol soit  on prévoit une armature qu’il faudra inclure le mieux possible dans l’argile qui sera projetée vigoureusement et lissée à mesure à l’intérieur et à l’extérieur. À la fin on ne peut en mettre que pardessus l’armature qui brûlera à l’usage , mais ce n’est pas grave

Soit on fait des boudins d’argile qui seront accumulés les uns sur les autres pour faire la coupole en réduisant le diamètre au fur et à mesure jusqu’à fermer la voûte , la surface extérieure doit rester brute, très irrégulière et la laisser raffermir sans la sécher puis la recouvrir d’une couche épaisse de 5-7cm d’argile fine incluant de la paille fine et bien lisser.

Ne pas oublier de laisser une porte dont la hauteur ne doit pas être supérieure au tiers de la hauteur de la chambre.

bien laisser sécher avant usage .Au séchage des fentes vont se former, à l’usage aussi, pas de panique prévoir de l’argile presque liquide pour les remplir à mesure.

La construction d’un four à galettes

de type « Tandoora » ou « Tandur » ou « achribanos » et « clibanus » en latin en grec

Historique :

Pour simplifier ces fours sont connus sur tout le pourtour méditerranéen surtout à l’Age du Fer, depuis que les fouilles sont devenues très minutieuses on en retrouve aussi dans les parties septentrionale de la France . Actuellement ils sont encore en usage au Maghreb, par exemple , mais surtout en Inde.

Utilisation :

Ils servent à cuire des galettes que l’on plaque contre la paroi interne du four chaud, mais aussi comme foyer domestique , pour faire griller , rôtir ou même faire mijoter des marmites à son embouchure.

Dimensions:

Elles sont adaptées à un usage domestiques entre 50cm et un 1,30 mètre de diamètre . La hauteur est généralement égale au diamètre , et le diamètre à l’ouverture égal au rayon de la base. Il possède de petits évents à la base. L’épaisseur des parois est relativement faible ; 4 à 8 cm.

Il est généralement bâti,- souvent dans des fosses à l’abri du vent-mais peut aussi être creusé dans un terrain argileux’ se pose alors le problème de l’évacuation des cendres).

Construction :

Le seul matériau utilisé est une argile sableuse enrichie en débris de matière organique.

Préparer une sole bien lisse du diamètre souhaité.

Ensuite il faut accumuler des boudins ou des plaques pour façonner la paroi en tassant bien pour ne pas laisser de bulles d’air ou de fente. Les surfaces doivent rester brutes pour assurer la tenue de la couche de finition. Les vestiges archéologiques montrent une sur-épaisseur de la base : l’expérience montre que ce n’est pas volontaire , mais lié au surpoids lors de la construction avec une argile un peu trop humide.

Si on est obligé de s’arrêter en cours de façonnage il convient de mettre de la mousse ou un tissu humide pour éviter que le dernier rang placé sèche.

On notera que l’embouchure est plus épaisse, cela est nécessaire pour assurer la solidité, mais vient aussi -sur les fours qui servent beaucoup -de la desquamation due à la chaleur et donc de restaurations. En effet , la température est plus élevée au débouché de la flamme du fait de la plus grande quantité d’oxygène.

Dès que l’argile c’est un peu raffermi on prépare une argile moins grossière avec laquelle on lissera les parois. La paroi interne surtout. Sur certains fours on remarque des stries volontairement tracées avec des brindilles ou une planchette . Elles sont destinées à améliorer la tenue de la galette pendant sa cuisson.

Recettes gauloises, d’après J.P.Romac et Anne Flouest :

Ingrédients :

250g d’un mélange d’épautre, d’orge et d’engrain

100G de graisse, 3 œufs ,1cuillère à soupe de fleur de sureau. Du miel 1- Moudre les céréale pour faire une farine complète. Verser un grand bol de farine dans une terrine avec un peu de sel ,ajouter un demi bol de graisse,travailler et réduire en pommade, faire fondre le miel avec un filet d’eau, travailler le tout, ajouter les œufs et mélanger , ajouter un filet de sirop de sureau. La pa^te ne doit plus coller au doigt et on doit pouvoir faire des boulettes par simple pression dans le creux de la main .

Former des galettes d’un doigt d’épaisseur ou moins et les plaquer contre la paroi du four. Les retirer quand elles ont pris la couleur.

Ingrédients :

200 g de céréales

2 œufs

levure

6 cuillerées de miel 2- Moudre les céréales , une partie assez grossièrement l’autre finement.Préparer une bouillie épaisse avec la mouture grossière, ajouter la farine fine et un peu de levure ,bien mélanger , incorporer deux jaunes d’œuf et le miel, pétrir

Laisser lever.

Battre les blancs d’œufs et les incorporer délicatement.

Faire des galettes et les plaquer contre les parois interne du four bien chaud

Construire un four domestique à coupole

1Construire une maison 3000 ans avant Jésus Christ éditions Errance1991